Déclaration préalable de la FSUCSAD du 10 février 2025

La préparation de rentrée que nous entamons avec ce CSAD est probablement inédite : nous avons vu se succéder pas moins de 4 ministres de l’Education nationale en un an, et 6 en 18 mois… bien loin de la stabilité nécessaire pour notre Ecole et nos élèves. La dernière ministre en date a ouvert le CSA ministériel du 17 janvier en confirmant l’annulation des 4000 suppressions d’emplois d’enseignant·es et la création de 2000 emplois d’AESH. C’est une bonne nouvelle, à mettre l’actif de nos mobilisations et de nos expressions pour pointer le caractère inacceptable de l’annonce initiale des suppressions d’emplois. Dans une École qui s’effondre, une telle mesure aurait porté un coup fatal aux ambitions émancipatrices du service public d’Education.

Un des exemples en est la difficulté à recruter des personnels titulaires orchestré, dans le premier degré en limitant les places au CRPE de notre académie mais également, par manque d’attractivité de nos métiers en raison de la faiblesse générale des rémunérations et surtout de leur dégradation depuis 20 ans et des conditions de travail de plus en plus difficiles à supporter, quand beaucoup d’autres secteurs les ont, depuis 30 ou 40 ans, améliorées. Ce déficit structurel de recrutement depuis 15 ans, qui s’aggrave d’année en année, fragilise grandement notre institution et hypothèque son efficacité. Un seul chiffre devrait alerter tous nos responsables politiques : entre 2023 et 2030, l’Education nationale devra recruter 300.000 enseignant.es, soit plus d’un tiers de ses effectifs. Cela impliquera nécessairement un investissement important, à moins que notre pays ne décide de confier à des machines la formation de ses futur·es citoyen·es, renonçant par là-même à ses valeurs et – probablement – à son avenir de pays libre, créateur et éclairé.

Revenons aux moyens pour 2025, la FSU ne peut se satisfaire d’une forme de statu-quo. Les besoins sont immenses. Dans le premier degré, la France restera encore très loin de la moyenne par classe des pays de l’Union européenne (19 élèves). Dans le second degré, pour retrouver le taux d’encadrement de 2017, il faudrait créer 10617 emplois.

Dans notre département, la rentrée 2025 s’annonce préoccupante pour beaucoup de personnels des collèges et lycées du Gers.

Si le Rectorat prévoit seulement la suppression de deux postes d’enseignant·es (un en collège et l’autre en lycée), la situation sur le terrain n’offre aucune perspective réjouissante : les enseignant·es et personnels éducatifs doivent continuer à travailler toujours plus mais avec des moyens constants.

Pensons, tout d’abord, à la poursuite des groupes de besoins en 6e et 5e qui nécessitent des temps hebdomadaires de concertation sur le temps personnel de chaque enseignant·e, ainsi que des formations obligatoires régulières, notamment le mercredi après-midi.

Pensons également au développement des cours sur l’IA pour toutes les classes de 4e et 2nde, cours annoncés comme obligatoires par Mme le Ministre dès la rentrée 2025 grâce à la solide formation à venir des enseignant·es.

Pensons aussi, plus spécifiquement dans notre département rural, aux problèmes de recrutement des enseignant·es remplaçant·es, qu’ils ou elles soient TZR ou contractuel·les : de nombreuses classes se sont retrouvées et se retrouvent encore sans enseignant·e dans certaines disciplines parce que le Rectorat peine à recruter des contractuel·les  et que le vivier de TZR est largement insuffisant dans certaines disciplines. Nombreux·ses sont les collègues qui se retrouvent contraint·es de prendre des heures de Pacte pour assurer les cours à certaines classes sans professeur·e pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois. Nous redoutons que le manque de moyens humains alloués ne conduise à l’aggravation de cette situation douloureuse pour tous et toutes à la rentrée prochaine.

Enfin, pensons aux conditions de travail toujours plus précaires des AESH, infirmier·ères, assistant·es sociaux·ales et psychologues de l’éducation nationale : alors que la santé mentale est présentée par le président de la République comme la grande cause nationale de 2025, nous ne pouvons qu’être surpris et atterrés à l’annonce de la suppression du poste d’infirmier·ère dans les deux grands lycées de Auch, et dépités devant l’inertie du Ministère pour améliorer le travail quotidien des AESH, notamment en ce qui concerne l’accompagnement des élèves sur la pause méridienne.

Ces divers constats nous alertent et nous amènent à pointer du doigt la santé toujours plus fragile des enseignant·es et personnels éducatifs du 2nde degré, soucieux et soucieuses de mener à bien, même dans la tempête, leur mission de service public de l’éducation. Mais jusqu’à quand ?

Dans le 1er degré, 470 postes en moins dans les écoles ne pourront permettre à l’Ecole Publique d’assurer ses missions. Avec moins 22 postes pour l’académie dont – 3 pour le Gers, vous devrez donc Mr l’Inspecteur d’Académie, comme chaque année, faire des fermetures pour procéder aux nécessaires ouvertures.

Mais pour la FSU, moins d’élèves par classe devrait permettre de pouvoir davantage prendre en charge les élèves à besoins éducatifs particuliers. Il faut aussi des moyens pour les RASED, pour que l’inclusion fonctionne réellement, pour les remplacements, pour la formation continue, pour les décharges de direction, pour récréer des postes de CPC EPS, pour l’école maternelle… Nous ne pouvons cautionner des fermetures qui ne servent qu’à abonder les ouvertures.

La FSU le rappelle avec force : la baisse démographique doit cesser d’être instrumentalisée à des fins budgétaires et politiques… Les effectifs moyens dans les classes baissent en raison de la démographie scolaire, mais ils restent plus élevés en comparaison des pays de l’Union européenne (19 élèves). Et la France est toujours à la traîne des pays qui réussissent le mieux et qui consacrent plus de moyens à l’école primaire.

Il faut sortir de la logique purement comptable, il faut agir pour une amélioration qualitative. Pour la FSU, il est urgent de combler les dégradations subies ces dernières années dans le service public de l’Education Nationale.