• Déclaration F3SCT 32 du 9 Mai 2025

 

Le service public est à un point de bascule. Les réformes et orientations budgétaires engagées depuis de trop nombreuses années sont d’une grande cohérence : elles sont synonymes d’attaque frontale contre les personnels, leurs métiers et les missions qu’ils exercent. Elles affaiblissent les garanties offertes aux usager.ères, pour mieux faire valoir des politiques concurrentielles, censées mieux s’adapter au marché.

Les dernières mesures prises par le gouvernement Bayrou sont vexatoires. Depuis le 1er mars, les personnels de l’éducation nationale malades subissent une triple peine : la maladie, le jour de carence et le traitement à 90 %. Comme toujours, ce sont les plus précaires qui sont touché.es et qui devront choisir entre se soigner au détriment de leur qualité de vie ou aller travailler au détriment de leur santé.
Ce nouveau geste de mépris du gouvernement à l’égard des fonctionnaires est inacceptable. La FSU combattra sans relâche cette mesure et participera activement à toutes les mobilisations de la fonction publique, comme celles du 13 mai et du 5 juin. Ce n’est pas en contraignant les agents malades à aller travailler que vous pourrez résoudre la crise du recrutement et l’absence de remplaçant.es. Le stress engendré par les conditions de travail dégradées, la colère des usager.ères face aux carences du système, le sentiment de qualité empêchée ont un impact non négligeable sur la santé de nos collègues.

Nous ne le répéterons jamais assez : c’est l’écart entre le travail tel prescrit et le travail vécu qui rend malade. Cette gestion autoritaire de la pénurie est insupportable, elle entraîne par ailleurs une restriction sans précédent des droits (temps partiels sur autorisation compliqués à obtenir et quotités imposées, autorisations d’absences données a minima, disponibilités sur autorisation quasiment toujours refusées…) La “nécessité de service” est brandie à tout va par une administration débordée et maltraitante. Le constat est affligeant : nos métiers n’attirent plus. Si ce déficit d’attractivité est sans aucun doute multifactoriel, nous ne cessons aussi de vous alerter sur les risques psychosociaux en hausse : c’est notamment le manque de reconnaissance et l’intensité au travail qui asphyxient le service public d’Éducation. Et ce n’est pas les dernières annonces sur la formation initiale des enseignant.es qui arrangeront ce tableau désastreux ! Quand la profession pourra-t-elle sortir de ce cercle vicieux ?

La FSU tient à nouveau, pour la énième fois, à faire remonter les difficultés que rencontrent les personnels du premier degré quand ceux-ci travaillent avec des enfants à besoins éducatifs particuliers. Les signalements du registre en santé et sécurité au travail en augmentation ne sont que la partie émergée d’un iceberg impressionnant et désespérant. Il est de votre devoir de réagir. L’inclusion scolaire devait constituer le fondement d’une société plus inclusive. Elle est cependant devenue une source de souffrance, tant pour les élèves que pour les personnels, créant des clivages et des tensions au sein de l’école. En imposant l’inclusion sans moyens, le ministère semble, en réalité, encourager son échec. La FSU-SNUIPP a lancé une large enquête nationale renseignée par plus de 67 000 enseignant.es et AESH. Les résultats révèlent que la majorité des personnels interrogés revendique un recrutement massif d’AESH formé.es, avec un vrai statut de fonctionnaire catégorie B, ainsi que la création de places supplémentaires dans l’enseignement spécialisé, de façon à couvrir toutes les orientations prononcées par la MDPH. Ce n’est qu’en partant d’un constat partagé que la F3SCT pourra construire un véritable plan de prévention, adossé à une exigence de renfort en moyens humains. Nos collègues, enseignant.es et AESH, ne sont pas des punchingballs. Partout nous manquons de personnels, il est plus que jamais impératif de prendre soin de celles et ceux engagé.es dans les écoles au quotidien.
Dans le second degré, les remontées du terrain sont alarmantes. Les vies scolaires sont exsangues. Et la FSU s’interroge sur ce qui est fait concernant les établissements en crise : malgré nos alertes, les réponses ne sont pas suffisantes, ni en termes de mesures de protection ni de prévention. Les nombreux personnels de direction en arrêts maladie, laissent des établissements sans chef ou avec des chefs par intérim (qui se retrouvent de fait en surcharge de travail). Cette situation n’est pas pour nous rassurer et constitue un indicateur visible et non négligeable d’une crise généralisée d’un système qui ne fonctionne plus. Les collèges et les lycées du Gers ont besoin de sérénité, et cette sérénité doit d’abord passer par la nécessaire construction de collectifs de travail sains et reconnus par leur employeur à leur juste valeur. La tâche est immense si le dialogue social n’est pas respecté et ne garantit plus la dignité des personnels dans leurs missions.
La FSU souhaite que la F3SCT puisse incarner véritablement les revendications en matière de prévention, de santé et de sécurité qu’elle porte dans les écoles et les établissements au quotidien.

Sans se substituer aux obligations de l’employeur, les membres de la F3SCT entendent peser dans les discussions pour toutes les protections en matière de santé et sécurité au travail soient prises, pour éviter les drames que nous avons connus, et protéger les personnels dans leurs missions.

Nous vous remercions pour votre écoute.