Déclaration F3SCT du 30 juin 2025

Loin des réponses attendues aux défis éducatifs, sociaux et de santé qui traversent l’École, les dernières annonces du président ou celles du gouvernement continuent d’ignorer les réalités de terrain et les attentes de l’ensemble des personnels. L’annonce de la convention citoyenne sur les temps de l’enfant est une nouvelle diversion de l’Élysée dont personne n’est dupe alors que l’école publique manque de tout. En évitant les véritables enjeux de l’École – lutte contre les inégalités, conditions d’apprentissage, justice sociale – le président de la République ainsi que le gouvernement poursuit une logique de communication au détriment d’une politique éducative ambitieuse.

Cette convention ne saurait par exemple masquer l’absence de bilan des réformes des rythmes scolaires engagées depuis 2013. Aucune convention ne saurait accroître la charge de travail des personnels ni menacer la richesse disciplinaire de l’enseignement. L’expérimentation « cours le matin, sport l’après-midi » menée en 2010/2011 a été pour le moins mitigée. Une note de la DEPP a souligné que ce « dispositif n’a pas d’effet notable sur la ponctualité, les absences et les sanctions. Il n’influe pas sur les capacités déclarées de concentration, d’attention, de mémorisation et d’effort. » La FSU réaffirme qu’il y a urgence à donner les moyens à l’École publique d’assurer toutes ses missions.

Alors que la santé mentale, des jeunes en particulier, a été décrétée grande cause nationale, le ministère reste l’une des causes de cette souffrance. Les conditions de travail et d’apprentissage se dégradent ? Fermons des postes ! Nos jeunes vont mal ? Continuons avec les groupes niveaux et Parcours SUP ! Les Assises de la santé scolaire étaient annoncées comme un tournant majeur pour répondre à l’aggravation du mal-être des élèves et aux difficultés croissantes rencontrées dans les établissements. Ces assises n’ont débouché sur rien de satisfaisant en termes d’amélioration de la prise en charge des élèves, comme des conditions de travail. Les préoccupations sur la crise de recrutement, la formation, l’impossibilité de réaliser nos missions … n’ont pas obtenu de réponses et aucune création de postes n’a été annoncée ! Les redéploiements des équipes pluriprofessionnelles vers le premier degré, sans création de postes, accentuent la pénurie dans le second degré. Pour la FSU, une véritable ambition pour la réussite scolaire des élèves et pour la lutte contre les inégalités sociales et de santé est possible avec un investissement massif, permettant le renforcement de la présence des personnels et de leur reconnaissance au sein des écoles et établissements scolaires qui agissent au quotidien pour la réussite de tous les élèves.

L’usage massif et souvent non régulé des écrans chez les enfants et adolescent·es fait peser des risques avérés sur le sommeil, la santé mentale, l’attention et le surpoids. L’ensemble des personnels de l’Éducation peuvent mesurer au quotidien ses effets négatifs sur les élèves. Le Haut Conseil de santé publique (HCSP) alerte depuis plusieurs années maintenant sur les effets délétères d’une consommation non accompagnée, notamment sur les publics les plus socialement défavorisés. Aujourd’hui, il y a urgence à agir et à protéger les jeunes exposés à des incitations à la violence, au harcèlement, au sexisme et à toutes ses influences néfastes qui se multiplient sur internet et les réseaux sociaux, qui vont contre les valeurs de l’École républicaine et qui sont préjudiciables au bon développement de l’enfant. Alors que l’Éducation nationale aurait pu jouer un rôle important pour lutter contre cette exposition néfaste pour de nombreux jeunes, au cours de ces dernières années, elle a trop souvent accompagné, voire amplifié le phénomène par une politique de développement de l’usage des écrans à l’école. Elle est accompagnée par la Région Occitanie, qui, sous prétexte que chaque élève de secondes dispose désormais d’un ordinateur portable, impose aux enseignants le choix d’un manuel numérique au détriment du livre ce qui modifie, sans aucune réflexion ni concertation, les pratiques pédagogiques au sein de la classe par l’usage rendu de fait obligatoire desdits portables en classe.

L’Éducation nationale est en passe de continuer cette orientation inconsciente et dangereuse pour la jeunesse avec l’introduction de l’IA à l’École. La rédaction précipitée d’un cadre d’usage de l’IA en éducation par la Direction du numérique du MEN pose question. Si l’ouverture à la consultation est un point positif, la FSU dénonce un cadre flou, incitatif, qui fait l’impasse sur les risques : atteinte aux données personnelles, effets environnementaux, impact sur l’apprentissage et le métier enseignant. L’IA modifie l’organisation du travail et a des conséquences sur les conditions de travail sur toute une série de métiers enseignants et hors enseignants avec des effets de déqualification, de perte de sens et de contrôle des métiers, sans oublier les économies d’échelle induites et de suppressions d’emplois. Ses effets négatifs ne sont pas à négliger ou à minimiser. Pour la FSU, toute introduction d’IA dans des logiciels ou dans un process doit faire l’objet de négociation notamment d’une expertise préalable et mesures de prévention adaptées, en recourant aux F3SCT. La FSU exige que l’utilisation des IAG en éducation soit encadrée par des lignes rouges clairement établies et connues des agent·es, et fondées sur une approche éthique, écologique et pédagogique.

Nous ne pouvons pas terminer cette déclaration sans évoquer le « dôme de chaleur » et la chaleur caniculaire que nous vivons en ce moment alors que de nombreux élèves sont en classe ou en examen. Dans un tel contexte d’impréparation ou de non prise en compte de cette problématique, on peut s’interroger sur la pertinence de la convention sur les rythmes scolaires qui aboutirait à une diminution des vacances d’été voire à une « reconquête du mois de juin ». Il est sidérant de constater que de nombreuses épreuves de brevet et de bac ont été encore mises l’après-midi au moment où la chaleur est la plus torride. Les salles chauffent du fait de la présence des élèves et on ne peut pas non plus ouvrir les fenêtres car de l’air encore plus chaud y pénètrent. La présence de ventilateur ou de bouteilles d’eau reste à la discrétion des chefs d’établissements. Publié le 1er juin dernier, le décret n° 2025-482 du 27 mai 2025 relatif à la protection des travailleurs contre les risques liés à la chaleur complète le code du travail de nouvelles dispositions qui sont applicables aux administrations et agents publics, dans un contexte de dérèglement climatique favorisant la récurrence des épisodes climatiques extrêmes. Ces nouvelles dispositions entrent en vigueur le 1er juillet 2025, et s’inscrivent dans le cadre du Plan national d’Adaptation au Changement Climatique. Il indique les mesures à prendre toute l’année comme mettre à la disposition des agents (donc des élèves) de l’eau portable et fraîche (et si possible pas dans des bouteilles en plastique). Il indique aussi ce qu’il faut faire en cas de forte chaleur. « Lors de la survenue des épisodes de chaleur intense, l’employeur met en œuvre les mesures ou les actions de prévention, définies notamment dans le plan de prévention, en les adaptant en cas d’intensification de la chaleur. Il procède à une réévaluation quotidienne des risques encourus par chacun des agents en fonction :

  • de la température et de son évolution en cours de journée ;

  • de la nature des travaux devant être effectués et du lieu où ces travaux doivent être exécutés, notamment en plein air ou dans des ambiances thermiques présentant déjà des températures élevées, ou comportant une charge physique ;

  • de l’âge et de l’état de santé des agents (en lien avec le service de prévention et de santé au travail). »

La section 3 décrit les mesures de prévention à mettre en œuvre : travaux à prévoir, recensement des endroits les plus frais et réaffectation des activités vers ces endroits, création d’un espace fraîcheur « refuge », formation des agents aux bons gestes pour limiter la chaleur, pour reconnaître les signes d’un coup de chaleur et pour agir en conséquence…

L’évaluation des risques résultant de l’exposition des travailleurs à des épisodes de chaleur intense, en intérieur ou en extérieur doit être retranscrite dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP)

La FSU veillera à ce que des mesures soient prises rapidement dans les écoles et établissements afin que les conditions de travail des personnels et des élèves soient dignes d’un des pays les plus riches de la planète.