Déclaration de la FSU CSAD du 17 mars 2025
En préambule de notre déclaration, la FSU souhaite, en des circonstances tragiques, rappeler le rôle important des instances où les représentant.es des personnels s’investissent et font un travail chronophage, pour porter au mieux les revendications des personnels.
Si la FSU rappelle son mécontentement quant au choix de la date de cette instance qui a été décidée par le Rectorat et souhaiterait que les dates de tenue des instances continuent à être prises en concertation avec les présentants.es des personnels en conformité avec leurs jours de décharge, elle remercie les services de la DSDEN pour la tenue d’un groupe de travail consacré aux moyens du Second degré, avec envoi de pièces précises.
Cependant, nous souhaiterions que ce groupe de travail se tienne au moment où les dialogues se tiennent dans les établissements (quand ils se tiennent) pour nous permettre de porter ces revendications dans un cadre collectif : avancer la date de la tenue de ce groupe de travail permettrait en effet aux personnels des établissements de mieux appréhender le cadre départemental et aux représentant.es des personnels que nous sommes de porter leurs revendications au moment voulu. C’est en effet à cette date que les créations ou suppressions de postes vont être actées dans le département, avant le mouvement INTRA, et, contrairement à ce que la plupart des chefs d’établissement disent, la rentrée ne se prépare pas jusqu’en juin, puisque les réajustements qui se feront ensuite sont attribués majoritairement en heures supplémentaires. Sur 114, 5 heures au total qui ont été rajoutées à la dotation du département de mars à octobre 2024, on compte en réalité 84, 85 HSA pour 29,65 heures poste. En collège, d’une dotation à une autre, les heures poste ont même baissé de 8,49 heures. Ces réajustements, qui ont eu pour effet d’augmenter le pourcentage d’heures supplémentaires de 0,20 % en collège, 0, 71 % en lycée et 0, 58 % en lycée professionnel, se font en catimini et échappent au contrôle des représentant.es des personnels.
A rebours du “management” autoritaire de certains chefs d’établissement, le SNES-FSU continue d’exiger un débat démocratique dans les établissements concernant les moyens, avec la tenue de CA où les ventilations de moyens sont présentées, expliquées et débattues démocratiquement. Le tableau de répartition des moyens doit être mis au vote ainsi que les créations et suppressions de postes, s’il y en a.
Avec la suppression de 3,7 ETP pour la prochaine rentrée, les conditions de travail ne s’amélioreront pas dans le département du Gers, tant pour les élèves que pour les personnels. Alors que le nombre d’élèves prévu diminuera de 0,035 % soit 2 élèves par établissement en moyenne, le département perd de nouveau des postes dans le second degré. Les seuils de 36 élèves en lycée et 30 en collège sont inacceptables surtout dans un contexte où il y a de moins en moins de dédoublements. Le SNES-FSU revendique des classes à 30 élèves maximum en lycée et 25 en collège. Malgré une situation très variable dans le département, des classes restent surchargées dans beaucoup d’établissements du Gers : les collèges d’Aignan, Carnot, Françoise Héritier et les lycées Pardailhan et Saverne ont des situations tendues sur quasiment tous les niveaux. C’est au collège Françoise Héritier qu’on trouve le taux d’encadrement le plus faible du département dans les collèges (1, 127), et au lycée Joseph Saverne pour les lycées (1,173). Quand on est élève à L’Isle Jourdain, on a toutes les chances de faire sa scolarité dans des classes chargées de la sixième à la Terminale. Le choix du rectorat de Toulouse de financer les établissements à la structure a donc pour effet d’une part, de créer des établissements avec des classes surchargées, et d’autre part, de desservir les établissements plus petits et ruraux qui perdent des élèves, comme le lycée de Nogaro, qui perd pas moins de 4 postes en voie générale et un en voie professionnelle. Cette comptabilité à l’élève près ne prend pas suffisamment en compte les spécificités des établissements, les options et formations que voudraient continuer à porter les personnels, et les élèves à besoins particuliers. Nos élèves ne sont pas des moutons, il faut arrêter de les compter …
La situation du service public dans un territoire rural comme le nôtre doit au contraire être l’objet de toute l’attention de l’Education Nationale, pour permettre aux populations de scolariser leurs enfants dans de bonnes conditions, comme pour le site de Cazaubon, qui s’est trouvé menacé par la décision unilatérale du Conseil départemental de le fermer, puis d’y surseoir. Nous tenons à alerter sur le fait que cette décision, qui a été dénoncée par un large collectif regroupant usagers, personnels et représentant.es des personnels, peut être lourde de conséquences pour des populations qui se sentent fragilisées et délaissées par l’Etat. Une telle déstabilisation du service public a pour effet de délier le contrat social.
Le SNES-FSU continue de dénoncer le manque d’heures pour financer les options et les groupes de spécialité et l’impossibilité de faire des petits groupes pour faire progresser nos élèves et travailler avec moins de tension.
Au collège, le SNES-FSU dénonce la poursuite de la mise en place des groupes dits de “besoin” en français et mathématiques en classe de sixième et cinquième alors que le Conseil d’État a bien annulé l’arrêté et la note de service de mars 2024 qui organisaient ces groupes de niveau, grâce au recours mené par la FSU … Mais le nouvel arrêté reprend celui qui a été annulé mot pour mot. Il aurait dû être au contraire profondément remanié. C’est inquiétant pour l’État de droit quand l’exécutif ne reconnaît pas les décisions du pouvoir judiciaire ! Maintenir le principe des groupes dits de “besoin”, partout sans exception et sur la totalité de l’horaire, est une provocation pour les personnels qui se mobilisent contre cette mesure depuis décembre 2023. Les personnels ploient sous la charge de travail induite par les brassages incessants, les emplois du temps des classes alignés en barrettes sont trop contraignants, les progressions imposées sont chronophages et quand elles sont synchrones à la séance près, cela devient insupportable. Des collègues y perdent le sens du métier et y laissent leur santé. Le SNES-FSU demande donc que les moyens soient réaffectés pour diminuer les effectifs par classe, pour rétablir les dédoublements, les options supprimées et l’heure de technologie en Sixième.
Si le renoncement de la ministre à étendre en Quatrième et Troisième la réforme dite du « choc des savoirs » et à rendre le DNB obligatoire pour accéder à l’une des trois voies du lycée a été accueilli avec soulagement, cela ne règle pas pour autant la question des moyens nécessaires à une amélioration significative des conditions d’enseignement et de la réussite scolaire. À ce titre, l’absence de financement du dispositif d’aide en Quatrième et Troisième témoigne bien de l’absence d’ambition de la ministre dans ce domaine.
Comme en collège, la situation est tendue dans les lycées qui restent durablement marqués par la mise en place de la réforme Blanquer. Apprentissages déstructurés, éclatement du groupe classe, poids du contrôle continu, lourdeur des programmes, choix précoce de spécialités, dessinent un lycée où les lycéen.nes et les personnels sont sous pression, empêchant la sérénité nécessaire aux apprentissages, d’autant que les perspectives d’accès à l’enseignement supérieur sont largement anxiogènes depuis la mise en place de ParcourSup.
En collège comme en lycée, l’inclusion est mise à mal, le nombre d’élèves aux notifications incomplètement assurées reste élevé, quand dans le même temps les AESH sont maintenu·e·s à temps partiels. Ce n’est pas acceptable. L’accès de nos collègues à un statut de fonctionnaire B et à des rémunérations dignes est une urgence. L’extension de l’expérimentation des PAS, sans évaluation des dispositifs dans les départements tests, témoigne de la poursuite du mépris ministériel pour le dialogue social, ministre après ministre. Les PAS n’offrent aucune perspective de progrès.
Quant à la situation des personnels, la FSU ne perçoit aucune amélioration. Le Budget qui prévoit pour les fonctionnaires le gel du point d’indice, la suppression de la GIPA, la baisse de la rémunération pendant un arrêt maladie est une véritable provocation ! Le taux et le volume d’HSA reste important : 7,46 % en moyenne, auquel il faut ajouter les pactes, qui échappent au contrôle des représentant.es du personnel. La FSU espère que l’absence d’IMP dans les documents ne signifie pas que ces missions seront désormais effectuées à titre gracieux. M. le DASEN du Gers a affirmé connaître des professeur·es heureux et heureuses de faire des heures supplémentaires mais s’agit-il toujours d’un choix non contraint ? Dans un contexte de paupérisation relative de la profession depuis trente ans, il est clair que le seul moyen d’améliorer son niveau de vie, de payer ses crédits immobiliers et les études de ses enfants est d’accepter de faire des heures supplémentaires. Les chefs d’établissement font aussi pression « dans l’intérêt des élèves » pour éviter des BMP moyennant quelques avantages en termes d’emploi du temps. Cela peut conduire à un risque de surtravail donc de RPS surtout lorsqu’il y a peu de reconnaissance de la hiérarchie. L’employeur doit savoir repérer le surinvestissement dans le travail et parfois protéger les salarié.es contre elles-mêmes et eux-mêmes.
Le SNES-FSU dénonce la décision du Rectorat de Toulouse de mettre de nombreuses formations continues hors du temps d’exercice des collègues comme le mercredi après-midi : cela a pour effet de décourager les collègues et rajoute du travail dans un emploi du temps déjà chargé. Cela peut aussi porter atteinte à leur santé, entraînant une hausse de la fatigue et de la charge mentale, notamment pour les femmes enseignantes qui sont 71% dans le 2nd degré : rappelons à ce titre qu’une femme s’occupe de son enfant en moyenne 1h33 par jour ; son conjoint seulement 44 minutes, selon l’étude de la Drees menée par le Ministère de la Santé en 2013. Les formations obligatoires le mercredi après-midi pour les collègues parfois sur des sites très éloignés, sont très mal perçues par les enseignant.es, qui ne manquent pas d’exprimer leur mécontentement voire leur désinvestissement. Enfin, dans notre département, les formations obligatoires sur la réforme du “Choc des savoirs” en français et en mathématiques ont été programmées sur des semaines très chargées en travail et fatigue : semaine qui clôt la période des évaluations ou des corrections avant les vacances d’hiver et semaine prochaine qui clôt le deuxième trimestre (et donc la période des conseils de classe), et qui vient également se superposer à la semaine de demande des mutations Intra. Nous nous interrogeons sur la pertinence de ce programme de formations obligatoires qui vient ajouter, à la charge de travail hebdomadaire, une forme de pression et de culpabilité pour les enseignant.es déjà soucieux.ses de fournir un travail de grande qualité pour leurs élèves, et qui ne peuvent y parvenir dans ces conditions.
Concernant le redécoupage des circonscriptions, la FSU acte positivement cette nouvelle organisation qui a notamment pour objectif de rééquilibrer la charge de travail de l’IEN ASH. La FSU restera attentive à la charge de travail des personnels, secrétaire, conseiller·es pédagogiques, remplaçant·es… de la nouvelle circonscription Gers Sud et Centre. Celle-ci est devenue énorme en intégrant les écoles d’Auch, la politique de la ville en plus du territoire d’Auch Sud à peine réduit. L’IEN est aussi IEN adjointe au DASEN… Un bilan de la réorganisation des RASED dans les 4 circonscriptions sera aussi nécessaire. La FSU a déposé des avis en F3SCT, en particulier pour accompagner au mieux les personnels concernés et s’assurer que les incongruités territoriales (RPI à cheval sur 2 circonscriptions, nom de la nouvelle circonscription trop lié à une communauté de communes…) soient corrigées. Elle souhaite qu’ils soient mis en œuvre.