Les représentants des personnels, et au-delà du contexte syndical, une majorité de citoyens, ne se sentent plus entendus par notre gouvernement. Alors que le 6 juin une nouvelle journée de grève et de mobilisation massive a eu lieu contre la réforme des retraites, le 8 juin le gouvernement, une fois de plus, a usé de subterfuges pour éviter le débat parlementaire autour de la proposition de loi LIOT visant à abroger le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. C’est encore un mauvais coup porté à la démocratie par ce gouvernement qui, décidément, ne semble accepter aucune contestation ou aucun discours dissonant.

Depuis des mois, et encore ces derniers jours, toutes les organisations syndicales représentatives des personnels organisent l’action, à tous les niveaux, contre le pacte et pour une « réelle revalorisation sans contrepartie ». Le pacte fait donc l’unanimité des enseignants contre lui comme la réforme des retraites rejetée par l’écrasante majorité de la population. La signature de pacte par certains collègues ne devra pas être vu comme une victoire du gouvernement mais comme une tentative de compenser les pertes de pouvoir d’achat subies depuis de nombreuses années. Appauvrir et précariser pour faire accepter l’inacceptable, voilà le credo de ce gouvernement et de ceux qui l’ont précédé.

Emmanuel Macron avait promis 10 % d’augmentation pour tout le monde, sans contrepartie en janvier 2023. Les promesses ne sont pas tenues : ce ne sera pas janvier mais septembre, et ce ne sera ni 10 % pour tout le monde, ni 10 % en moyenne mais 5,5 % en moyenne, soit moins que l’inflation. La revalorisation inédite est donc celle qui va continuer à faire perdre du pouvoir d’achat à une majorité des personnels. C’est un choix politique. Cette décision est révélatrice des priorités politiques de ce gouvernement qui fait le choix de ne pas financer à hauteur des besoins la Santé, l’Éducation, la transition écologique, l’égalité professionnelle femmes / hommes, les salaires et l’ensemble des solidarités publiques. Ainsi, dans notre secteur, les 1,9 milliards pour la partie socle de la revalorisation des enseignants sont insuffisants au regard du déclassement salarial et social qui conduit à la crise d’attractivité que subit notre métier. Pour augmenter tout le monde de 10%, il aurait fallu 3,6 milliards.

La FSU dénonce également la non-revalorisation de l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale, AED et AESH par exemple, et réaffirme que l’augmentation de la valeur du point d’indice annoncée est nettement insuffisante au regard ne serait ce que de l’inflation subie. Cette situation crée une tension permanente, notamment pour les débuts de carrières des catégories C et B dont un nombre croissant d’échelon sont engloutis par le SMIC. Les personnels réclament une vraie hausse du point d’indice, seule hausse qui compte pour le calcul de la retraite, ils ne réclament pas une aumône par ailleurs méprisante quand on augmente le salaire de certains hauts fonctionnaires de 25 % en 2023 !

Le 13 juin a eu lieu une journée de mobilisation des AESH, très majoritairement des femmes, qui revendiquent une meilleure reconnaissance salariale de leur métier, un véritable statut de la Fonction publique, une hausse de leurs salaires mais aussi de meilleures conditions de travail. C’est l’inverse des récentes annonces sur la fusion des emplois d’AESH et d’AED ou des propositions a minima sur les salaires, avancées lors du groupe de travail.

L’ensemble des catégories de personnels est touché par une dévalorisation permanente de leurs missions, de leur travail. Il est temps que cela change, notamment en ce qui concerne la prétendue grande cause nationale qu’est l’égalité femmes / hommes.

Quant au pacte des lycées professionnels, encore plus brutal et injuste dans ses modalités, il va en réalité servir à créer des hiérarchies intermédiaires au service du déploiement de la réforme qualifiée de « managériale » par Carole Grandjean elle-même. C’est un mépris inégalé pour les élèves et, pour les enseignants de la voie pro !

L’association PREAU continue d’interroger sur le rapport financement employeur et efficacité à réellement venir en aide aux agents. Nous sommes opposés à cette gestion opaque qui s’apparente à une privatisation de l’action sociale. Nous ne pouvons que constater les situations des collègues sont très fortement dégradées, des collègues en étant réduits de façon fréquente à recourir aux bons alimentaires. Ces situations individuelles ne sont pas seulement la conséquence d’ « accidents de la vie » mais bien le résultat de toutes les politiques que nous venons de dénoncer : rémunérations indignes, problèmes de paie ou de traitement de dossiers par les organismes sociaux, difficultés d’accès aux droits sociaux, contrats injustes pour les non- titulaires etc.

Même quand les collègues voient leurs droits s’améliorer un peu, comme le recrutement des AESH sur le titre 2, la réalisation effective de leurs droits n’est jamais certaine concrètement, au vu de la faiblesse des budgets que notre ministère alloue à l’action sociale. Certes, la dernière CNAS a acté une augmentation de budget globale importante et l’attribution de l’enveloppe à notre département a augmenté en septembre dernier. Mais au-delà d’une nécessaire augmentation budgétaire, il faut aussi investir dans l’action sociale au niveau des moyens humains. Les personnels de l’éducation nationale ont plus que jamais besoin d’accompagnement par des assistants sociaux et assistantes sociales en nombre suffisant. L’augmentation des dossiers à traiter, en action sociale, mais aussi dans les services qui suivent les collègues titulaires et non titulaires pour leurs contrats, leurs paies et tous les autres aspects de leur carrière, doit être suivie d’une augmentation des personnels administratifs pour les gérer et les traiter de façon efficace et fiable. De plus nous demandons qu’une communication spécifique soit faite dans le département pour rappeler aux personnels leurs droits et les procédures de demande en ce qui concerne l’action sociale. Trop de personnes dans la difficulté ne connaissent pas leurs droits ! Quant à la médecine du travail qui nous est due, on peut continuer à attendre…

Nous rappelons donc nos revendications pour que notre ministère et notre rectorat remplissent pleinement toutes leurs obligations d’employeur en matière d’action sociale et pour que chaque personnel de l’éducation nationale bénéficie pleinement de ses droits :

  • une meilleure reconnaissance financière de toutes les catégories des personnels, en particulier les AESH dont l’action sociale ne doit pas être un complément de rémunération, et les non-titulaires en général. Les droits à l’action sociale doivent être identiques pour tous les agents, et il faut mettre fin à l’iniquité qui consiste à refuser des aides à certains agents selon le type ou la durée du contrat qu’on leur impose.
  • relèvement des plafonds des quotients familiaux pour favoriser l’accès aux prestations d’action sociale
  • mise en place de prestations nationales, en particulier dans le projet concernant l’aide à l’enfance (CESU 6-12 ans par exemple)
  • la prise en charge du handicap (AEH) sur d’autres lignes budgétaires (par exemple sur le modèle du supplément familial de traitement)
  • l’augmentation du budget global national dévolu à l’action sociale dans l’éducation nationale pour le mettre au niveau de ce qui est attribué dans d’autres ministères
  • recherche de partenariats dans les domaines culturels, sportifs, vacances et loisirs, au niveau national et local, en coordination avec les offres SRIAS, et non en s’en remettant à Préau
  • renfort des services d’action sociale (national, académiques, départementaux) et des assistants sociaux des personnels, pour permettre la mise en place, la promotion et le développement des prestations et permanence de la représentation des personnels dans les instances qui étudient leurs droits en matière d’action sociale.
  • une meilleure communication de leurs droits à tous les agents, qui ignorent encore trop souvent à quelles aides ils ont droit, en particulier les personnels précaires, et ceux en début et en fin de carrière.

La FSU continuera à défendre les collègues dans toutes les instances et à faire connaître ses combats pour plus de justice sociale et plus de démocratie, pour tous et par tous !