Déclaration préalable de la FSU du Gers

Formation spécialisée santé, sécurité et conditions de travail du Gers du 9 novembre 2023

La FSU se réjouit de pouvoir enfin installer la FS-SSCT départementale et réaffirme sa volonté de continuer à faire vivre cette instance, de la même manière qu’elle a pu exister au cours des mandats précédents, en mettant en place plusieurs groupes de travail qui nous permettront d’être ensemble des actrices et des acteurs de prévention de la santé et sécurité des personnels. Pour cela, nous réitérons notre souhait de voir maintenus les deux postes de Conseillers en prévention départementaux.

Nous sommes cependant au regret de constater que cette rentrée 2023 s’est placée sous le signe de la dégradation des conditions de travail. Les effets des réformes cumulées se font sentir au quotidien dans les établissements et la charge de travail qu’elles induisent n’est pas sans conséquence sur la santé des personnels. La pression mise sur le remplacement de courte durée va entraîner de fortes tensions, alors que la majorité des heures de cours perdues est le fait de convocations à l’initiative de l’administration et indispensables au fonctionnement du système éducatif (formation, examen, etc.). Nous rappelons aussi qu’une partie des absences décomptées concernent des enseignant.es dont les cours ne concernent pas des classes entières (groupes de langue, de spécialité, d’option), ce qui rend de fait les heures manquées irremplaçables par un collègue sur le même groupe. Ces heures de cours « perdues » ont pour cause essentielle le manque de remplaçant.es et le manque de postes. Les collègues TZR étant employés massivement sur des besoins à l’année sur des BMP, le vivier est trop restreint pour assurer les remplacements des absences de moyenne et longue durée. De la même manière, il est clair que la politique de suppressions massives de postes a un impact direct sur les conditions de travail des personnels. En témoigne la situation de nombreux.ses collègues en souffrance qui n’ont pu obtenir un poste ou un remplacement près de leur domicile. Avec cette pression mise sur les remplacements, on risque d’autre part d’assister à des situations où les collègues devront faire face à des injonctions contradictoires : devoir choisir entre se former ou bien assurer ses cours, organiser un voyage ou une sortie ou être présent.e devant ses élèves … Certains collègues repoussent déjà certaines opérations ou prises en charge médicales lourdes parce qu’ils savent qu’ils ne seront pas remplacés et pour ne pas « pénaliser leurs élèves ». C’est inacceptable de devoir faire ces choix. Les remplacements de courte durée ne répondent pas à ce problème.

Mais ce qui pèse le plus sur les personnels de toutes catégories, c’est la densification du travail, avec des missions qui s’ajoutent ou qui deviennent plus complexes. La gestion des élèves à besoins particuliers par exemple, provoque une augmentation de la charge de travail. La difficulté des personnels à mettre en place une nécessaire inclusion se traduit par des risques psycho-sociaux, manifestes dans bon nombre de signalements des registres santé et sécurité au travail. Pourtant, chez les enseignant.es, le temps de travail hebdomadaire était estimé à plus de 42 heures, selon une étude de 2018. 42 heures par semaine, c’est encore insuffisant pour le Ministre et le Président qui cherchent à imposer par tous les moyens le Pacte, véritable dénaturation des métiers, nouvelle formule du « travailler plus pour gagner plus. Cette situation place les personnels dans une position de conflit de valeurs, entraînant stress et augmentation du risque d’épuisement professionnel. Elle peut aussi engendrer des situations de risques psycho-sociaux chez toutes les catégories de personnels, personnels de direction, enseignant.es, CPE, AED, AESH, tant les pressions managériales sont fortes pour diminuer le nombre d’ « heures perdues ».

Parmi les situations qui traduisent une rentrée difficile, voire chaotique citons encore les difficultés rencontrées dans la confection des emplois du temps. Cela interroge vraiment sur la formation reçue par les personnels de direction aux outils qu’ils utilisent, tout comme cela interroge sur la quantité de travail nécessaire pour préparer une rentrée. Or un emploi du temps mal fait impacte les conditions de travail de l’enseignant et l’AESH pour l’ensemble de l’année, particulièrement pour ceux qui sont sur deux voire trois établissements. On peut craindre aussi que, pour satisfaire le quota de RCD, certains chefs d’établissement laissent  des plages horaires susceptibles d’être choisies par des enseignant-es dans le cadre du pacte.

A l’heure où les situations de harcèlement sont de plus en plus mises à jour, bien loin de faire de la communication avec des questionnaires et des heures banalisées mal préparées,  le Ministère de l’Education Nationale ferait mieux de donner les moyens aux établissements pour permettre la prise en charge de ces situations par des équipes pluriprofessionnelles, ce qui implique le nécessaire recrutement de CPE, AED, médecins scolaires, infirmier.es, assistant.es  sociaux.ales, ou encore Psychologues de l’Education Nationale.

Par ailleurs, la rentrée s’est aussi traduite par une chaleur estivale jusqu’en octobre, avec des records de chaleur. Au sein des écoles et des établissements, la température est montée à des niveaux insupportables, tant pour les personnels que pour les élèves, entraînant parfois des malaises liés à la chaleur. L’occupation des salles à  la limite voire au-delà de leur capacité d’accueil, accentue la sensation de chaleur. Cette situation qualifiée d’exceptionnelle risque malheureusement de se reproduire  dans les années à venir du fait du réchauffement climatique, ce qui implique de mettre en place en urgence des travaux pour créer une température agréable et constante dans les salles de classe. L’annonce présidentielle de commencer l’année le 20 août pour les élèves en difficulté ne prend pas en compte cette donnée et va donc aggraver la situation. De plus, l’urgence climatique doit aussi nous obliger à réduire les dépenses énergétiques liées au chauffage des bâtiments publics que sont nos établissements scolaires.

En conclusion, le Ministère déclare qu’une de ses priorités est celle du remplacement des absences. Or, celles-ci sont dues en bonne partie au fonctionnement même de l’institution ainsi qu’au taux de recrutement insuffisant. De plus, des conditions de travail inadaptées participent à l’épuisement des personnels, ce qui engendre d’autres absences pour maladie, pour lesquelles on ne trouvera pas facilement de remplaçant puisque le vivier est insuffisant. C’est une situation qui restera sans issue si nous ne trouvons pas de solutions de fond: nous avons besoin de consolider un plus grand nombre de postes et de permettre aux personnels et aux élèves de travailler dans de meilleures conditions. Il en va du sens même de notre mission de service public.