Il n’échappera à personne que la fin de l’année scolaire 2021-2022 et le début de l’année scolaire 2022-2023 ont été marqués par plusieurs vagues de chaleur intense. La canicule de cet été 2022 a été particulièrement rude et longue et il en a résulté des chaleurs intenables dans les salles, des signalements dans les registres, des établissements qui ont fermé, des personnels et des élèves qui ne sont pas en situation de travailler sereinement. Et pourtant, l’été 2022 sera sans doute l’un des plus frais des vingt prochaines années selon les climatologues. Va-t-on devoir prolonger la période de vacances de début juin à fin septembre pour éviter les malaises en classe ? Ce n’est évidemment pas envisageable. Cette situation en dit long sur l’impréparation du ministère et des collectivités locales face à cette transition climatique qui est maintenant inéluctable. On parle de moins chauffer les salles en hiver, de mieux isoler pour diminuer la consommation d’énergie et la facture de chauffage mais qu’envisage-t-on pour limiter la chaleur en été ?

La FSU considère qu’il est impératif d’investir dans l’isolation des bâtiments scolaires, tant pour protéger du froid l’hiver que de la chaleur l’été mais c’est loin d’être suffisant puisque même les bâtiments neufs et soi-disant bioclimatiques n’ont pas résisté aux fortes chaleurs. C’est la conception même des bâtiments qu’il faut revoir en évitant les grandes baies vitrées plein sud ou en installant des claustras pour empêcher l’entrée du soleil dans les salles. Il faut aussi permettre une véritable aération des salles la nuit donc réparer les huisseries de nombreuses fenêtres dans des écoles et des établissements vétustes et évacuer la chaleur des salles dans la journée par une ventilation efficace et adaptée. La cours de récréation aurait pu être un îlot de fraîcheur si on n’avait pas eu la mauvaise idée de couper des arbres, soit parce qu’ils perdent des feuilles ou des marrons, soit parce que leurs racines soulèvent le bitume. Ou tout simplement parce qu’il y a un coût d’entretien que personne ne veut assumer. Replanter des arbres à proximité des bâtiments permet en outre de rafraîchir les salles du rez-de-chaussée voire du premier étage. Végétaliser les murs par une vigne vierge ou un lierre grimpant fait tomber la température dans les pièces de deux degrés en été. Au-delà des travaux qui n’amélioreront la situation qu’à moyen terme, il faut réfléchir dès septembre aux mesures de prévention à prendre pour l’été prochain. Comment la DSDEN envisage-t-elle de prévenir ce problème pour l’année prochaine ? Va-t-on devoir constater une fois de plus l’impuissance et l’impréparation des pouvoirs publics ? Va-t-on devoir se contenter de quelques injonctions sur le site ministériel qui ne font que renvoyer la responsabilité des malaises et incidents éventuels et font peser des risques psycho-sociaux sur les personnels ?

Le ministère du Travail a élaboré les obligations des employeurs dans ce domaine que nous souhaitons vous rappeler afin que toutes les dispositions nécessaires soient prises en matière de prévention :
• pour évaluer les risques et adapter cette évaluation à l’évolution des informations météorologiques,
• pour mettre en œuvre les mesures permettant de limiter ces risques et mettre en sûreté les personnels et les élèves (aménagement des espaces, des temps, des modalités de travail…),
• pour informer tous les personnels des mesures à mettre en œuvre et des moyens mis à leur disposition pour le faire (y compris de façon adaptée pour les personnels à risques),
• pour faire en sorte que les collectivités prennent leur part de responsabilité.

Nous attirons donc votre attention sur la nécessité d’une information, de moyens, de mesures et de consignes rapides et claires adaptées à toutes les situations : écoles, EPLE et services administratifs.

La FSU constate par ailleurs, sans s’en étonner, qu’avec la reprise des cours, l’épidémie de covid a de nouveau pris de la vigueur. L’école est donc bien un bouillon de culture dont il faut préserver, en particulier, les personnels les plus vulnérables. Quelles sont les mesures envisagées ? Quel est le niveau d’alerte ?

Nous souhaitons d’autre part vous alerter au sujet de la dégradation des conditions de travail et d’enseignement engendrée notamment par la crise de recrutement et la suppression de postes dans l’Education Nationale. La crise de recrutement s’explique en effet en partie par la pénibilité du métier, pénibilité que personne en haut lieu ne reconnaît, alors même que l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité, protéger la santé physique et mentale des travailleurs et tendre à l’amélioration des situations existantes. Dans le département du Gers, ce sont par exemple des TZR ou TRS affectés à plus d’une heure de leur domicile, parfois sur 2 voire 3 établissements, exposés au risque routier que l’on pousse à se mettre en arrêt de travail. Certain·e·s chef·fe·s d’établissement n’hésitent pas à les faire venir, même pour une heure, accompagner les devoirs faits pour compléter leurs services, indifférent·e·s à la fatigue que cela génère et à leur situation personnelle et/ou familiale parfois compliquée. Cette attitude, couplée au fait de n’être intégré véritablement dans aucune équipe pédagogique et d’être souvent déconsidérés augmente les risques psychosociaux avec des arrêts de travail voire des démissions. Dans le Gers, ce sont encore des étudiant·e·s contractuel·le·s affecté·e·s à plus de deux heures et demie de leur domicile et leur lieu d’études qui ne peuvent poursuivre leur projet d’étude et de concours de l’enseignement. Quant aux AESH, l’organisation en PIAL, dans le but de mutualiser les moyens (en clair, faire des économies sur le dos des élèves et des personnels) dégrade les conditions de travail pour une rémunération en dessous du seuil de pauvreté ce qui est inadmissible ! Comment s’étonner alors de la crise de recrutement de ces personnels ?

Cette dégradation des conditions de travail et la diminution du pouvoir d’achat, du fait du gel des salaires depuis de nombreuses années (et malgré la hausse annoncée du point d’indice qui ne couvre que la moitié de l’inflation annuelle) participent à la crise de recrutement que subit l’éducation nationale et au malaise d’une profession de plus en plus malmenée et dévalorisée dans l’opinion publique. C’est pourquoi les personnels seront massivement en grève le 29 septembre prochain.

Au lieu de soigner les gens au travail, on les pousse vers la sortie, et on résout la crise avec un job dating. L’organisation du travail doit être adaptée à la situation, ce n’est pas au travailleur ou à la travailleuse de s’adapter à l’organisation et d’en subir les conséquences. La prévention des risques doit être réalisée dans le cadre du décret 82-453 et la mise à jour des DUERP. Monsieur l’Inspecteur d’Académie, en tant qu’employeur, c’est votre devoir d’évaluer ces risques et d’organiser le travail en fonction de ces risques. Alors à quand la fin de ces organisations de service néfastes pour la santé de vos personnels ?