La préparation de la rentrée 2022 se déroule dans conditions que le SNES-FSU ne juge toujours pas satisfaisantes pour un bon fonctionnement des établissements du second degré et des services publics. C’est peu dire que le quinquennat aura laissé l’Education nationale dans un état de dégradation et de fragilité considérables.

Il aura fallu commencer l’année avec une grève historique le 13 janvier pour obtenir, sur quelques points, des premiers signes d’ouverture, inédits depuis le début de la crise sanitaire, et même depuis le début de la mandature. Le ton a un peu changé et il aura fallu une mobilisation majoritaire des personnels de l’Education nationale pour commencer enfin à entendre une nouvelle musique, dont nous devons maintenant obtenir qu’elle se traduise dans les faits. Nous ne pouvons pas nous en contenter. Comment ne pas s’interroger sur cette façon de fonctionner ? Pourquoi la surdité et l’aveuglement ont-ils été systématiquement des composantes de la gouvernance dans l’Éducation Nationale au cours de ce quinquennat ? Les engagements pris au niveau ministériel concernant la communication avec les organisations syndicales doivent maintenant se traduire par des consultations régulières. Il est indispensable de sortir d’un dialogue social formel à l’issue duquel rien ne s’améliore.

Le changement doit être profond, notre institution en est-elle capable ? Dans le 2nd degré, il est urgent de mettre en oeuvre des mesures qui permettent de redonner du sens au travail de tous les personnels, en le recentrant sur les missions pédagogiques et éducatives. L’investissement doit être massif pour permettre de remédier aux problèmes engendrés par la crise sanitaire. Si nous saluons les mesures qui ont été prises concernant le report et l’allègement de certaines épreuves du bac en lycée, nous continuons à exiger une refonte de la réforme du lycée, avec des épreuves nationales et terminales en fin d’année, et une mise à plat de la réforme, qui permette un égal accès aux enseignements. Dans l’immédiat, nous demandons l’intégration de l’enseignement des mathématiques dans le tronc commun et le maintien de trois spécialités en classe de Terminale. La question des collégiens ne doit pas quant à elle être oubliée, la discontinuité pédagogique que vivent et ont vécu les élèves pendant cette crise sanitaire doit être prise en compte pour le DNB, par une adaptation des programmes et des épreuves. D’autant plus qu’une fois encore ce sont les élèves les plus fragiles qui sont le plus touchés, accentuant les inégalités sociales accrues par la réforme des collèges.

La rentrée 2022 dans le Gers se traduit, cette année encore, par une perte d’heures d’enseignement équivalent à 4,5 ETP (comparaison avec la dotation initiale de 2021) soit 81 h de moins pour une diminution des effectifs de 6 élèves seulement sur le département. Alors qu’il aurait fallu mettre en place plus de dédoublements pour compenser les heures non-effectuées du fait de la pandémie et permettre aux élèves de rattraper un niveau qu’ils ont perdu, c’est encore et toujours l’austérité des moyens, une injonction de faire plus avec moins. De ce fait, les effectifs seront tendus dans certains collèges, en particulier à Auch, l’Isle-Jourdain, Riscle, Gimont et Lectoure sur plusieurs niveaux. En lycée, malgré la volonté du DASEN de limiter les dégâts, la réforme Blanquer , qui montre ses effets délétères sur le nombre d’heures de cours, permet de supprimer des postes et de multiplier les services partagés sur plusieurs établissements ce qui augmente le stress, la fatigue et le risque routier. C’est encore et toujours une dégradation de nos conditions de travail. Les enseignements de spécialité « rares » installés dans les établissements ruraux, qui devaient rééquilibrer les effectifs sont fermés les uns après les autres alors même qu’ils n’ont pas eu le temps de se mettre en place et de se faire connaître auprès des élèves et des familles du fait de la pandémie.

Par ailleurs, la FSU constate, dans certains établissements du Gers, que les représentants du personnel dans les conseils d’administration subissent des pressions de la part des chefs d’établissement quand ils tentent de faire vivre la démocratie dans les conseils d’administration. Ceci n’est pas acceptable et laisse mal augurer la volonté de donner toujours plus d’autonomie aux chefs d’établissement avec des instances dont on affaiblit les pouvoirs. Au niveau départemental, le dialogue est respectueux et courtois mais il arrive souvent en fin de parcours : c’est seulement quand les décisions sont prises qu’on les présente aux organisations syndicales. Afin d’améliorer le dialogue et la démocratie sociale, la FSU demande qu’un CTSD second degré se tienne en janvier pour présenter les modes de calcul des DGH, et les DGH par établissement au moment où ils arrivent dans les établissements. Les enseignants ne comprennent pas pourquoi les représentants des personnels, qui devraient être les premiers informés, ne connaissent les volumes de DGH qu’au mois de mars. De tels CTSD en janvier ont lieu dans d’autres académies, pourquoi ne serait-ce pas possible dans le Gers ?

La FSU continue plus que jamais à réclamer une loi de programmation pluriannuelle ambitieuse pour l’éducation nationale conduisant à une amélioration des conditions de travail et d’apprentissage et à une revalorisation de nos métiers, y compris sur le plan salarial.

Une crise faisant place à une autre, la FSU ne peut passer sous silence la situation internationale, la guerre en Ukraine et ses conséquences humaines terribles. La France doit renouer avec sa tradition humaniste d’accueil des réfugié.es sans opérer de tri selon la nationalité des migrant.es. La FSU exige qu’un effort particulier soit fait pour l’accueil et la scolarisation des réfugié.es. Cela passe notamment par le renforcement des UPE2A. L’Education nationale s’honorerait d’être à la hauteur des enjeux d’accueil et de scolarisation de toutes et tous les élèves plutôt qu’à s’abaisser à une gestion purement comptable de ses moyens