L’ampleur des phénomènes climatiques extrêmes aux conséquences dévastatrices a marqué la période estivale. Canicule, sécheresse, incendies, orages violents, cet été rouge feu donne un caractère plus palpable, plus proche, plus inquiétant aux dérèglements en cours. Or, en ce qui concerne le bâti scolaire, dont la rénovation est indispensable au vu de la crise écologique actuelle, l’État se défausse financièrement sur les collectivités locales et ne se montre pas à la hauteur des enjeux du moment.
Dans le même temps, la poursuite de l’inflation a continué à amputer salaires et pensions et donc à obscurcir l’avenir de celles et ceux qui vivent des revenus de leur travail.
Cette situation inédite d’augmentation rapide du coût de la vie appelle des mesures d’une toute autre ampleur que celles prises jusqu’à présent par le gouvernement. Dans la Fonction Publique, la revalorisation de 3,5% de la valeur du point d’indice est en deçà de l’urgence à relever l’ensemble des rémunérations de 10% au moins pour préserver les conditions de vie de tou-tes les agent-es publics, et un plan pluriannuel de rattrapage des pertes subies.
– Pour la FSU, la situation impose une négociation sur l’ensemble des grilles de rémunération et de carrière intégrant de nécessaires mesures pour permettre en particulier d’atteindre l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et une indexation du point d’indice sur les prix. C’est un enjeu de société, car il en va de l’attractivité des métiers de la fonction publique, et donc de l’existence de services publics répondant aux besoins de la population sur l’ensemble du territoire.

Cette rentrée 2022 se fait dans un contexte inédit de crise de recrutement : postes non pourvus aux concours, recours grandissant aux contractuels… Ce n’est pas la première année que l’Éducation nationale manque d’enseignant.es, mais l’ampleur de la crise révèle la crise d’attractivité de nos métiers. En 2022, ce sont 1177 postes restés vacants à l’issue du concours de PE, 4000 dans le second degré. Parallèlement, le nombre de démissions augmente, tout comme les demandes de rupture conventionnelle,

Dans les écoles du Gers, 8 contractuel.les sont déjà en poste, sans compter le nombre titulaires remplaçants affectés sur des postes à l’année… La désorganisation des services des titulaires secteurs liés notamment à l’arrivée massive des alternant.es n’ont pas aidé à la sérénité de la rentrée. Concernant l’ordre du jour sur les mesures de rentrée, vous disposez d’un moyen pour au moins trois situations d’ouverture. Quoique que vous en disiez, nous n’avons pas assez d’enseignant.es et de postes dans le département.
Avec en moyenne 0,5 à 1 poste non couvert dans les établissements du second degré de l’académie, conforme au manque affiché par le Recteur de 170 postes non couverts sur 400 établissements, la rentrée 2022 est loin de mériter l’appréciation « convenable » attribuée par le Ministre de l’Education nationale, et nous lui attribuerions bien une mention « doit faire ses preuves » à l’épreuve de la réalité. Dans le Gers, des personnels éducatifs et administratifs manquent dans beaucoup d’établissements : deux professeurs manquant au lycée du Garros, mais aussi deux demi-postes d’AED vacants, un poste de gestionnaire non pourvu jusqu’à la veille de la rentrée au collège de Riscle, des postes d’AESH non pourvus au collège Louise Michel de L’Isle Jourdain et au collège de Mauvezin (la liste n’est pas exhaustive), et des postes pourvus par des contractuels insuffisamment formés, des TZR malmenés sur deux à trois établissements très éloignés, des stagiaires utilisés comme moyens d’enseignement (le service d’une stagiaire d’anglais affiché à 21 h 30 au lycée Joseph Saverne de L’Isle Jourdain en cette rentrée).

Dans le premier degré comme dans le second, ce n’est pas en proposant une formation en 4 jours que l’on devient enseignant : nous ne pouvons que dénoncer cette formation au rabais, qui participe, selon nous, à la dévalorisation de notre métier.

Dans le premier degré, la politique éducative conduite depuis cinq ans s’appuie sur des « fondamentaux » étriqués et une volonté de mise au pas des PE, elle renforce l’individualisation des apprentissages et des parcours, avec des dispositifs hors temps scolaire alors que c’est sur le temps de classe qu’il faut agir. En resserrant les enseignements sur les « fondamentaux », les élèves notamment ceux issus des classes populaires, rencontrent de façon beaucoup trop parcellaire les autres champs de savoirs (sciences, histoire-géographie, arts, …) pourtant déterminants et que s’approprient dans le cadre familial les enfants issus de milieux culturellement favorisés.

En lycée et en collège, l’accumulation des réformes successives a engendré un sentiment de perte de sens chez les collègues, confrontés à un changement continuel de programmes et à une dévalorisation des diplômes. Alors que la réforme du lycée et du Baccalauréat voulue par l’ancien Ministre a enlevé le caractère national du diplôme, aucun bilan n’est fait de ces Réformes, et les établissements doivent se préparer à l’instabilité de crises sanitaires récurrentes et d’un calendrier qui n’est pas clairement fixé en début d’année.
– La FSU n’aura de cesse de demander le retour à des épreuves nationales en fin d’année.

Innovations, projets, évaluations standardisées (de nouvelles évaluations nationales sur échantillon pour les CM1 et les 4èmes), financements contractuels des besoins, nominations sur profil, évaluation des écoles et établissements… l’École du futur est avant tout une école de la concurrence, pilotée par les résultats, quitte à s’affranchir des règles communes. À l’exemple des CLA, TER et cités éducatives lancées pour défaire l’Éducation prioritaire, la méthode est connue : généraliser des expérimentations sans aucun bilan, ce qui rend illusoire la volonté d’y associer réellement les personnels.
Le pilotage par les résultats n’est plus un risque mais devient une réalité.

Cette rentrée, placée sous le signe de la crise du manque de personnels, ne diffère au final pas assez de la précédente. Un plan d’urgence pour l’école est nécessaire. Le Ministère ferait bien de s’inspirer du livre blanc du SNUipp-FSU, du projet de la FSU : une école ambitieuse, bienveillante envers ses personnels au service de la réussite de toutes et tous.