Déclaration préalable FSU, CDEN du 21 février 2025
En tout premier lieu, la FSU réaffirme qu’il n’est pas acceptable que l’argent public finance les écoles du séparatisme social et scolaire. Combien faudra-t’il encore de scandales financiers (Stanislas l’an passé) ou d’affaires de violences et agressions sexuelles pour que l’Etat prenne enfin ses responsabilités vis-à-vis des écoles privées. La FSU rappelle que les fonds publics ne doivent financer que les écoles et établissements publics, mais en attendant peut-être qu’il faudrait être plus regardant sur les conventionnements et plus rigoureux sur les contrôles de ces établissements. N’oublions pas que dans notre département, il existe aussi une école hors contrat confessionnelle dont les pratiques ont été pointées récemment dans la presse nationale et sur laquelle la FSU ne cesse d’alerter.
A l’heure où le premier ministre ne cesse de clamer (il clame beaucoup en ce moment) son attachement au dialogue avec les partenaires sociaux, la FSU dénonce son exclusion des discussions sur la réforme des retraites. Un choix scandaleux visant à éloigner une des principales forces syndicales de la Fonction publique, qui a été le moteur de la mobilisation dans son secteur en 2023. F. Bayrou aurait-il peur de la démocratie sociale ? Sans être dupes des discussions cadrées par la seule expertise prétendument incontestable de la Cour des comptes, véritable manière de verrouiller d’emblée la question des financements, cette mise à l’écart n’est pas un bon signal. Nos professions n’ont pas besoin de nouvelles provocations, mais bien de respect, de considération et de revalorisation.
S’il y avait nécessité de revenir sur les deux jours de carence supplémentaires, tout en demandant l’abrogation du jour restant, il est une mesure qui reste inacceptable. Les agent·es du service public avaient fortement exprimé leur opposition aux mesures Kasbarian le 5 décembre dernier dans la rue, maintenir la mesure d’indemnisation à 90% du congé maladie reste une provocation pour la profession. Il est nécessaire d’abandonner cette mesure injuste qui va à rebours du renforcement de l’attractivité et de la fidélisation des personnels.
Beaucoup de rapports montrent que la faiblesse des salaires est un des facteurs de désaffection de nos métiers. Le déficit structurel de recrutement depuis 15 ans, qui s’aggrave d’année en année, fragilise grandement notre institution et hypothèque son efficacité. Un seul chiffre devrait alerter tous nos responsables politiques : entre 2023 et 2030, l’Education nationale devra recruter 300.000 enseignant.es, soit plus d’un tiers de ses effectifs. Cela impliquera nécessairement un investissement important, à moins que notre pays ne décide de confier à des machines la formation de ses futur·es citoyen·es, renonçant par là-même à ses valeurs et – probablement – à son avenir de pays libre, créateur et éclairé.
La FSU condamne à nouveau l’absence de mesures générales d’augmentation des rémunérations dans l’Éducation nationale dans un contexte d’inflation encore soutenu. Si le gouvernement et les ministères concernés avaient une réelle ambition pour la fonction publique et les services publics, les choix budgétaires seraient tout autres. L’Etat pourrait d’ores et déjà récupérer le budget du SNU dont le dernier rapport de l’INJEP, par exemple, révèle une désaffection, ou encore récupérer les sommes du pacte ou de l’uniforme pour une revalorisation de toutes et tous. Il est urgent d’ouvrir sans délai des négociations pour améliorer les carrières et prendre des mesures générales pour les salaires, notamment en revalorisant le point d’indice, dans un contexte d’effondrement du niveau des rémunérations des agent·es publics.
Le service public d’Education traverse une crise profonde, reproduisant davantage les inégalités qu’elle ne les combat en dépit de l’investissement sans faille de nos collègues. Plusieurs réformes imposées ces dernières années ont malmené nos métiers et tourné le dos aux ambitions d’une école émancipatrice qui fait grandir les élèves ensemble. Dans le premier degré, les nouveaux programmes, la labellisation des manuels ou encore les évaluations standardisées nient l’expertise professionnelle et la liberté pédagogique des professeurs des écoles et engagent la mise au pas des pratiques enseignantes. Dans le second degré, comme nous l’avons montré dans plusieurs enquêtes, les groupes de niveaux malmènent les élèves et les professeurs qui témoignent, de plus en plus fréquemment d’une profonde perte de sens de leurs métiers.
La préparation de rentrée que nous entamons avec ce CDEN est probablement inédite : nous avons vu se succéder pas moins de 4 ministres de l’Education nationale en un an, et 6 en 18 mois… bien loin de la stabilité nécessaire pour notre Ecole et nos élèves. La dernière ministre en date a ouvert le CSA ministériel du 17 janvier en confirmant l’annulation des 4000 suppressions d’emplois d’enseignant·es et la création de 2000 emplois d’AESH, validées par le budget 2025. C’est une bonne nouvelle, à mettre l’actif de nos mobilisations et de nos expressions pour pointer le caractère inacceptable de l’annonce initiale des suppressions d’emplois. Dans une École qui s’effondre, une telle mesure aurait porté un coup fatal aux ambitions émancipatrices du service public d’Education.
Concernant les moyens pour 2025, la FSU ne peut se satisfaire d’une forme de statu-quo. Les besoins sont immenses. Dans le premier degré, la France restera encore très loin de la moyenne par classe des pays de l’Union européenne. Dans le second degré, pour retrouver le taux d’encadrement de 2017, il faudrait créer 10617 emplois.
Dans notre département, la rentrée 2025 s’annonce préoccupante pour beaucoup de personnels des collèges et lycées du Gers.
Si le Rectorat prévoit seulement la suppression de deux postes d’enseignant·es (un en collège et l’autre en lycée), la situation sur le terrain n’offre aucune perspective réjouissante : les enseignant·es et personnels éducatifs doivent continuer à travailler toujours plus mais avec des moyens constants.
– Pensons, tout d’abord, à la poursuite des groupes de besoins en 6e et 5e qui nécessitent des temps hebdomadaires de concertation sur le temps personnel de chaque enseignant·e, ainsi que des formations obligatoires régulières, notamment le mercredi après-midi.
– Pensons également au développement des cours sur l’IA pour toutes les classes de 4e et 2nde, cours annoncés comme obligatoires par Mme le Ministre dès la rentrée 2025 grâce à la solide formation à venir des enseignant·es.
– Pensons aussi, plus spécifiquement dans notre département rural, aux problèmes de recrutement des enseignant·es remplaçant·es, qu’ils ou elles soient TZR ou contractuel·les : de nombreuses classes se sont retrouvées et se retrouvent encore sans enseignant·e dans certaines disciplines parce que le Rectorat peine à recruter des contractuel·les et que le vivier de TZR est largement insuffisant dans certaines disciplines. Nombreux·ses sont les collègues qui se retrouvent contraint·es de prendre des heures de Pacte pour assurer les cours à certaines classes sans professeur·e pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois. Nous redoutons que le manque de moyens humains alloués ne conduise à l’aggravation de cette situation douloureuse pour tous et toutes à la rentrée prochaine.
– Enfin, pensons aux conditions de travail toujours plus précaires des AESH, infirmier·ères, assistant·es sociaux·ales et psychologues de l’éducation nationale : alors que la santé mentale est présentée par le président de la République comme la grande cause nationale de 2025, nous ne pouvons qu’être surpris et dépités devant l’inertie du Ministère pour améliorer le travail quotidien des AESH, notamment en ce qui concerne l’accompagnement des élèves sur la pause méridienne. La FSU refuse également la suppression d’un poste d’infirmière à Auch partagé sur les lycées de Pardailhan et Le Garros. Il est affligeant de constater que le ministère de l’éducation nationale ne crée pas un nouveau poste d’infirmier.re quand un nouvel établissement est créé. Les besoins pour nos élèves sont loin d’être couverts actuellement et cette suppression se traduira par une dégradation des conditions de travail susceptible de provoquer des RPS pour les personnels qui devront renoncer à certaines tâches faute de temps.
Ces divers constats nous alertent et nous amènent à pointer du doigt la santé toujours plus fragile des enseignant·es et personnels éducatifs du 2nde degré, soucieux et soucieuses de mener à bien, même dans la tempête, leur mission de service public de l’éducation. Mais jusqu’à quand ?
Dans le 1er degré, 470 postes en moins dans les écoles ne pourront permettre à l’Ecole Publique d’assurer ses missions. Avec moins 22 postes pour l’académie dont – 3 pour le Gers, vous devrez donc Mr l’Inspecteur d’Académie, comme chaque année, faire des fermetures pour procéder aux nécessaires ouvertures.
Mais pour la FSU, moins d’élèves par classe devrait permettre de pouvoir davantage prendre en charge les élèves à besoins éducatifs particuliers. Il faut aussi des moyens pour les RASED, pour que l’inclusion fonctionne réellement, pour les remplacements, pour la formation continue, pour les décharges de direction, pour récréer des postes de CPC EPS, pour l’école maternelle… Nous ne pouvons cautionner des fermetures qui ne servent qu’à abonder les ouvertures.
La FSU le rappelle avec force : la baisse démographique doit cesser d’être instrumentalisée à des fins budgétaires et politiques… Les effectifs moyens dans les classes baissent en raison de la démographie scolaire, mais ils restent plus élevés en comparaison des pays de l’Union européenne (19 élèves). Si le Gers se situe dans cette moyenne, pourquoi le taxer encore. Rappelons que la France est toujours à la traîne des pays qui réussissent le mieux et qui consacrent plus de moyens à l’école primaire.
Il faut sortir de la logique purement comptable, il faut agir pour une amélioration qualitative. Pour la FSU, il est urgent de combler les dégradations subies ces dernières années dans le service public de l’Education Nationale.
Nous ne pouvions, dans cette déclaration, ne pas évoquer la situation du collège de Cazaubon. Si toutes et tous, personnels, représentant.es des personnels, actrices et acteurs de l’Education Nationale, avons accueilli avec soulagement votre annonce de surseoir à la fermeture du collège, nous en demeurons très inquiets au sujet de l’avenir de ce site.
Il y a cinq ans, le rattachement administratif à Éauze était déjà gros de menaces, avait laissé un goût amer aux personnels et le sentiment de d’avoir été lésés, en matière de renforcement des enseignements et de préservation des personnels. La responsabilité des collectivités, mais aussi de l’Etat est lourde pour préserver des services publics de proximité dans un territoire rural fragile. La décision de ne pas construire un internat alors que le Rectorat avait validé le projet éducatif et pédagogique (Ateliers métiers du Patrimoine + Aviron) n’a pas permis de recruter des élèves hors académie, malgré le soutien du département apporté à ces projets. Reste la méthode pour le moins scandaleuse du Conseil départemental, qui a pris sa décision unilatéralement, sans jamais organiser de consultation des personnels et des instances où siègent leurs représentant.es. Il reviendra au Conseil départemental du Gers et à l’Education Nationale d’engager une véritable concertation sur le sujet afin d’associer à la réflexion les représentant.es des personnels dans le département et de présenter toute décision dans les instances départementales.