A la FSU, à l’instar des enseignant·es de l’Ecole Publique, nous n’avons pas de problèmes avec les valeurs de la République, mais nous nous demandons si le ministre n’en aurait pas, lui, avec les fonctionnaires ?

Réuni-es aujourd’hui pour ce CDEN, en présence d’élu-es de la République, sous la présidence de Mr le Préfet du Gers, nous affirmons haut et fort que les suspicions et les propos menaçants du ministre à l’endroit des enseignant·es qui ne transmettraient pas les valeurs de la République ne sont pas recevables ! Ils sont même indignes de sa fonction !
Depuis des mois, le ministre de l’Éducation nationale s’invente des supposés ennemis de l’intérieur pour se construire une stature politique et un destin personnel.
Comment un ministre de la République peut-il s’abaisser à de si basses manœuvres, en particulier en instrumentalisant une nouvelle fois la laïcité dont il fait un outil de division plutôt que de concorde ?

Le piège est grossier, le tuyau bien connu et ne parviendra pas à masquer les échecs de sa politique éducative : – Payer les AESH en dessous du seuil de pauvreté, est-ce digne des valeurs de la République ? – Affaiblir le service public en supprimant des milliers de postes, est-ce digne des valeurs de la République ? – Saccager pour la seconde fois la formation de celles et ceux dont la mission est de former des citoyennes et citoyens libres et éclairé-es, est-ce digne des valeurs de la République ? – Avoir un premier ministre qui déclare : : « le destin si particulier de la France […] ne saurait se concevoir sans l’évocation de son lien millénaire, au point d’être qualifié de filial avec l’Église catholique », est-ce digne des valeurs de la République ?

La FSU rappelle au ministre que c’est en reconnaissant aux fonctionnaires leur qualité de citoyen qu’on leur permet de faire vivre et de transmettre les valeurs de la République et rappelle au premier ministre que depuis décembre 1905, en République Française, l’Église et l’État sont légalement séparés.
La FSU exige que Jean-Michel Blanquer revienne publiquement sur ses propos insultants pour l’École et les personnels qui la font vivre.,

Pour revenir à l’ordre du jour sur le bilan de la rentrée :
La rentrée dans le premier degré s’est faite, « sereinement », a-t-on lu dans la presse. Sans doute est-ce un élément de langage recommandé par les agences de communication de l’éducation nationale. Pourtant, s’il y a eu un·e enseignant·e devant chaque élève, c’est grâce au recrutement de 15 personnels contractuels, et il en aurait même fallu davantage. Faute de quoi, ce sont des remplaçants qui ont été utilisés.
Nous ne pouvons nous satisfaire de cette situation. Une liste complémentaire est dressée chaque année à la suite du concours de recrutement des professeurs des écoles. C’est ce biais là qu’il faut utiliser. Mais nos gouvernants préfèrent le recours toujours plus massif aux contrats précaires, sans assurer de formation à ces personnels.
Concernant la situation sanitaire, si le retrait du port du masque pour les élèves d’élémentaire est vécu comme un soulagement, nous nous sommes étonnés que l’indicateur observé soit le taux d’incidence général et non pas celui de la tranche d’âge concernée. Car personne ne souhaite un retour en arrière tel que le connaît la Lozère.
Rajoutons les annonces du Président à Marseille remettant en cause le modèle public de l’éducation nationale, avec des directeurs ou directrices recrutant leurs adjoint·es en dehors de toutes règles, rajoutons l’examen de la loi Rilhac qui institue une autorité hiérarchique du directeur/directrice d’école et vous comprendrez que nous ne sommes pas dans le même état d’esprit.
– Pour la FSU, la rentrée n’a donc pas été tout à fait sereine.

Et les perspectives ne sont guère plus rassurantes :
– Actuellement le budget 2022 est en discussion. Le constant est clair : le budget de l’enseignement privé, majoritairement catholique, augmente beaucoup plus que ceux du 1er ou du 2d degré publics.
– En raison de la mise en place de la nouvelle politique de contrats locaux lancés par le ministre (celui qui se veut le champion de la laïcité et des valeurs de la république), plusieurs établissements catholiques vont bénéficier de fonds dédiés à l’éducation prioritaire, ou comment financer des établissements qui n’ont pas la composition sociale permettant normalement d’avoir droit à ces financements !
– Troisième point du budget à nouveau en faveur de l’enseignement catholique : la scolarisation obligatoire à 3 ans. Cette mesure de la loi Blanquer n’a pas changé le destin des enfants non scolarisés à Mayotte, en Guyane ou même en métropole. Elle a eu comme seul effet la prise en charge par les communes des frais des écoles maternelles catholiques dans les mêmes conditions que les maternelles du public. 100 millions sont affectés à ce titre dans le budget 2022 pour être reversés aux communes par l’Etat. Pour autant, notre ministre n’est pas revenu sur la situation des départements où la loi de 1905, base de la laïcité, n’est toujours pas appliquée.

La situation dans le second degré en cette rentrée ressemble malheureusement à la situation vécue les années précédentes. M. Blanquer intervient dans les médias pour faire croire à tout le monde que cette rentrée est normale en dépit de la pandémie et du variant delta. Il pérore en disant que tout va bien, qu’ « il y aura évidemment un professeur devant chaque classe à la rentrée », qu’ « il n’y a pas de contamination particulière en milieu scolaire » donc pas de raison de renforcer le protocole sanitaire, que des campagnes de vaccination seront lancées en milieu scolaire alors même que l’on n’a pas été capable de faire des tests à grande échelle quand il y en avait besoin. Au niveau national, ce sont encore 1883 suppressions de postes cette année, soit 7500 depuis le début du quinquennat alors que les effectifs d’élèves continuent et continueront à augmenter au collège et au lycée. La génération 2006 est la génération la plus nombreuse depuis les années 80 et celle de 2010 est plus nombreuse encore. Au total, c’est 15 000 postes qu’il aurait fallu créer rien que pour maintenir le taux d’encadrement existant au début du mandat du président Macron.

Et pendant ce temps-là, les personnels et les élèves souffrent du manque de moyens récurrent depuis plusieurs années, rendu criant par la pandémie. Même si la démographie peut parfois réduire les effectifs des classes, le Gers n’est pas épargné et de nombreux collèges et lycées nous ont signalé des effectifs pléthoriques qui doivent s’entasser dans des salles de classe exiguës et parfois vétustes. Au delà des effectifs, la FSU constate que de plus en plus de collègues ont des compléments de services dans 2 voire 3 établissements alors qu’on impose aux autres a minima deux heures supplémentaires de cours soit 5 heures de travail en plus par semaine. De plus en plus, les enseignant·es ont dans leurs services des enseignements qui ne correspondent pas à leurs disciplines car les différentes réformes ont diminué les horaires des disciplinaires au profit de dispositifs hybrides et pas toujours pérennes permettant surtout de gérer les volumes horaires des personnels. Les collègues sont las de cette situation que la pandémie et les dénis du ministre rendent de plus en plus insupportables.
Le ministère vient de se rendre compte que le contrôle continu en cycle terminal ne garantit pas des conditions égales entre les élèves pour le bac. Il prétend harmoniser en mettant en place aux forceps, sans consultation des équipes, un projet d’évaluation dans chaque établissement. Ce travail mériterait sans doute de longues discussions mais il faut faire vite et mal, sauver les apparences. C’est inadmissible.

De même la précarité des AESH est une honte pour l’éducation nationale. Leur fonction est indispensable pour l’inclusion des élèves et on ne peut pas continuer à les mépriser ainsi. Il faut un véritable statut, un corps qui leur permettent d’envisager une carrière et une progression salariale.

La FSU réclame plus que jamais des moyens, un plan pluriannuel ambitieux, pour un service public d’éducation renforcé et développé dans l’intérêt général, ainsi qu’une revalorisation de nos métiers et de nos salaires pour réduire les inégalités de toutes sortes, et notamment, inciter les jeunes à choisir le beau métier d’enseigner.