Alors que la France était parmi les pays où le taux de mortalité infantile (mortalité avant le premier anniversaire) était le plus bas à la fin du XXᵉ siècle, elle a maintenant un taux supérieur à la moyenne européenne selon une étude récente de l’INSEE. Si le taux de mortalité infantile a diminué depuis cette date (6 pour 1000 naissances vivantes en 1994 contre 3,7 ‰ en 2021), il a moins diminué que dans les autres pays européens et depuis 2010, il ne baisse plus. La France est maintenant en 20ᵉ position sur 28 pays européens.

Paradoxalement, une partie de cette mortalité est liée aux progrès de la chirurgie prénatale : certains bébés naissent aujourd’hui mais meurent dans les 28 premiers jours (mortalité néonatale). L’INSEE fait l’hypothèse que l’âge des femmes françaises qui accouchent ainsi que le pourcentage plus important de fumeuses par rapport à d’autres pays européens peut expliquer une mortalité plus forte.

Mais elle met surtout l’accent sur des facteurs sociaux : « La part des accouchements couverts par l’assurance maladie recule, contrairement à ceux pris en charge par l’aide médicale de l’État, signe d’une plus grande précarité sociale. La proportion de sans-abris parmi les femmes qui accouchent s’accroît, particulièrement en Île-de-France. La part des femmes enceintes en surpoids augmente également. » De fait, l’Ile-de-France est la région métropolitaine avec le plus haut taux de mortalité infantile, 4‰.

Il n’est donc pas étonnant de voir des disparités importantes entre les départements avec un taux de 7,3‰ dans les DOM, 5,4‰ en Seine-Saint-Denis contre 3,6‰ à Paris et 2,1‰ dans le Tarn.

En Occitanie, le Gers a la mortalité infantile la plus élevée après le Lot (respectivement 4,6‰ et 5,1‰) contre 2,5‰ pour l’Ariège et 2,9‰ pour la Haute-Garonne. La forte mortalité ne semble pas liée à la ruralité ; le point commun entre le Gers et le Lot est que ce sont les seuls départements de la région qui n’ont qu’une seule maternité et où la proportion d’accouchements hors département est le plus important. Il semble donc qu’un suivi post-natal plus distancié soit la cause de mortalité infantile plus élevée.

La hausse du taux de mortalité infantile gersois (2,9‰ dans les années 2014-2015) est bien la conséquence de la mise en place, depuis 40 ans, des politiques libérales. La doxa libérale veut que, si on diminue l’offre de soins (moins de médecins, moins de lits d’hôpitaux…), la demande diminuera aussi, que la gratuité des soins conduirait à des abus, à une surconsommation de soins, qu’il faut « responsabiliser les patients » (en leur faisant participer aux frais médicaux par exemple) et lutter contre les « fraudeurs ». Le dernier avatar de cette doctrine se retrouve dans les propos du ministre de l’Économie quand il vilipende « l’absentéisme » et les « certificats de complaisance » ce qui évite de remettre en cause les organisations du travail, le management sans ménagement, les rythmes de travail, les formes de précarité… Les gens ne sont pas moins malades parce qu’ils vont moins chez le médecin, ils sont juste en moins bonne santé et vont encombrer les urgences quand leur santé a dégénéré faute de suivi.

La FSU revendique une politique ambitieuse en matière de santé publique aux antipodes de cette logique libérale !

https://lejournaldugers.fr/article/67521-la-mortalite-infantile-dans-le-gers-parmi-les-plus-elevees-de-la-region

https://www.insee.fr/fr/statistiques/7627069#graphique-figure3_radio1